L'anxiété n'est pas une ennemie. C'est une forme d'intelligence du corps.

Publié le 18 juin 2025 à 16:51

Ce que j'ai longtemps cru

Pendant longtemps, j'ai cru que mon anxiété était un bug intérieur. Quelque chose à corriger, à faire disparaître, à faire taire.

Ce n'est qu'avec le temps — et à travers mon propre parcours thérapeutique et professionnel — que j'ai compris ceci :

L'anxiété n'est pas une ennemie. C'est une forme d'intelligence du corps.

Une réaction saine, même si parfois douloureuse. Une tentative de votre système nerveux pour vous protéger d'un danger perçu — même s'il n'est plus là, même s'il est invisible.

 

Ce que dit la science

Quand l’anxiété surgit, ce n’est pas un bug. C’est le cerveau émotionnel qui tire la sonnette d’alarme, souvent bien avant qu’on comprenne pourquoi.

La recherche en neurosciences, notamment les travaux de Joseph LeDoux et la théorie polyvagale de Stephen Porges, montre que ces réactions sont automatiques et protectrices : fuir, se figer ou se battre.

 


 

Une expérience personnelle

Je me souviens d’une période où mon anxiété était devenue omniprésente. Chaque matin, je me réveillais avec une boule dans le ventre, une tension diffuse dans le corps, comme si quelque chose de grave allait arriver — sans savoir quoi exactement.

C’était insidieux. Je continuais à vivre, à travailler, à sourire… mais tout mon intérieur était sous pression. J’avais honte d’en parler. J’avais peur qu’on ne me prenne pas au sérieux, ou qu’on me dise que j’exagérais.

 


 

Ce que j'ai découvert en chemin

J’ai compris que cette tension chronique n’était pas une faiblesse de caractère, ni un manque de volonté. C’était un message :

"Tu n’es pas à l’endroit juste."

J’ai commencé une thérapie. J’ai commencé à ralentir. À prêter attention à ce qui, en moi, était tendu, figé, toujours en hypervigilance. Et peu à peu, des souvenirs sont revenus.

Des scènes de ma vie où je m’étais sentie seule, trop tôt responsable, toujours obligée de prouver ma valeur. Cette anxiété-là n’était pas venue de nulle part. Elle avait une histoire.

 


 

Une autre façon de voir les symptômes

Je dis souvent aux personnes que j’accompagne :

Votre symptôme n’est pas contre vous. Il est pour vous.

Il vous protège à sa manière, même si cette manière est devenue encombrante.

Aujourd’hui, quand l’anxiété revient, je ne lutte plus. Je l’écoute. Je l’accueille. Je lui demande ce qu’elle vient me dire.

 


 

Le vécu corporel du traumatisme

Même sans danger réel, le corps reste en alerte, comme s’il se souvenait d’un ancien traumatisme. C’est une tentative de garder le contrôle, pas une faiblesse.

Le vrai tournant est venu le jour où j’ai cessé de vouloir “gérer” mon anxiété… et où j’ai commencé à l’écouter.

Comprendre qu’une part de moi, plus jeune, plus vulnérable, n’avait jamais été entendue.

 


 

Des approches qui permettent de transformer

La plupart des approches modernes du trauma — IFS, somatic experiencing, Gestalt-thérapie — partagent cette idée :

Ce que vous fuyez, vous poursuit. Ce que vous accueillez, se transforme.

Tant que l’anxiété est considérée comme un ennemi, elle se renforce. Mais si vous commencez à l’écouter, vraiment, une sagesse émerge.

 


 

Le cadre de la Gestalt-thérapie

En Gestalt-thérapie, nous ne cherchons pas à supprimer les symptômes. Nous leur donnons un espace d’expression et de sens.

L’anxiété est souvent un processus figé, un message resté bloqué dans le corps, la respiration, le lien à l’autre.

Mon rôle est d’offrir un espace sécurisant pour que ce qui a été nié, retenu ou gelé puisse être reconnu et traversé.

Beaucoup de personnes me disent un jour : “Alors… je ne suis pas folle ?”

Dans ce moment-là, quelque chose bascule. Le système nerveux se détend. L’anxiété recule, non pas parce qu’on l’a éradiquée… mais parce qu’elle a été entendue.

 


 

Ce que je transmets aujourd’hui

Ce que j’ai appris, je le transmets. Dans mes accompagnements, je ne cherche pas à faire taire les symptômes, mais à leur offrir un espace.

Parce que derrière chaque tension, il y a souvent une vérité longtemps enfouie.

Et c’est dans cette écoute, cette reconnaissance, que la transformation devient possible.

 


 

🌱 Trois idées clés à retenir

  1. L’anxiété n’est pas un défaut à corriger, mais un signal à décoder.

  2. Derrière chaque tension se cache souvent une histoire ancienne qui demande à être reconnue.

  3. Il est possible de transformer ce vécu — non pas en le niant, mais en lui offrant un espace pour exister autrement.

 


 

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